Depuis le XVIème siècle, il y a une sorte de mythe autour de Versailles et de l’Europe. En effet, les cours royales et princières sont à elles seules une représentation dorée à l’échelle européenne tant sur le plan politique que social et culturel.
La cour française des Bourbons, notamment celle de Louis XIV, devient une sorte de modèle, d’idéal. Au XVIIIème siècle, au cours du règne de Louis XV, la ville de Versailles s’est développée, devenant ainsi la capitale du royaume le plus prospère d’Europe. En 1763, le 1er Traité de Paris met fin à la guerre de sept ans, réconciliant le Royaume de France de Louis XV, l’Espagne et la Grande-Bretagne, après trois années de tractations. Un premier pas dans les relations européennes est avancé.
Cet idéal monarchique mêlé à la réalité créé une sorte d’imaginaire au sein des monarchies européennes qui a duré jusqu’à la disparition de la majorité d’entre elles au début du XXe siècle
Mais Versailles n’a pas pour autant pas dit son dernier mot dans son histoire commune avec l’Europe en devenant le siège historique de la signature du Traité de Versailles, qui a été accepté et signé le 28 juin 1919 par la délégation allemande dans la Galerie des Glaces du château de Versailles.
En 1992, avec le Traité de Maastricht, est instituée la citoyenneté européenne, permettant aux citoyens des États membres de choisir leur pays de résidence et de circuler librement au sein de l’Union européenne. Versailles devient alors l’une des villes d’Europe les plus visitées grâce à son histoire et son patrimoine, le Château est l’une des attractions touristiques les plus fréquentées grâce à un tourisme européen très largement facilité par l’ouverture des frontières.
Mais l’Europe ouvre à d’autres aspects que le tourisme, entre autre un aspect de modèle économique européen, en s’implantant, notamment, au sein des collectivités et en apportant une aide à projets qui s’inscrit dans une démarche plus large que le simple territoire, qu’il soit communal, départemental, régional ou national. L’Europe c’est aussi un Fonds Social, le FSE (Fonds Social Européen), le département des Yvelines est entré dans ce dispositif grâce à divers projets, comme le Parcours Emploi Compétence mis en place au sein de la Sous-direction des Parcs, Paysages et Environnement (Sous-direction PPE) du Département des Yvelines, siégeant au Domaine de Madame Elisabeth, patrimoine départemental et historique dont le parc, vitrine des compétences Espaces Verts, est ouvert au public.
C’est dans le cadre de la Journée de l’Europe, le 9 mai, que nous sommes allés à la rencontre de Magali Lahure et Pauline Forest-Colombel, agents de la Mission Europe. Elles ont accepté de nous en dire davantage sur leur travail et le FSE.
En 2017, Mickaël Duval – alors responsable du Service Espaces Verts du Conseil Départemental des Yvelines – a souhaité mettre en place des brigades vertes départementales composées de bénéficiaires RSA en contrat aidé (Parcours emploi compétence) pour gérer le patrimoine vert départemental sur le terrain, et leur permettre de se former et d’accéder à l’emploi. Ce projet a été validé par le Directeur Général des Services, permettant l’essor de la formation d’agents des brigades vertes en contrat aidé.
En 2019, le projet a pris de l’ampleur et le service des espaces verts a souhaité déposer une demande de financement FSE au titre de l’Axe 3 du PON FSE 2014-2020 auprès de la Mission Europe. Ce projet s’inscrivait totalement dans les objectifs du FSE, à savoir favoriser l’insertion des yvelinois et des yvelinoises par la levée des freins aux parcours. De plus ce projet s’inscrivait dans une démarche plus globale et chère à l’Europe, celle du développement durable.
La Mission Europe, a accompagné le service des espaces verts, en amont de la candidature à l’appel à projet interne FSE 2019-2020 afin de pouvoir répondre pleinement à toutes les exigences FSE. Un agent, rattaché au service des espaces verts, a été recruté afin de mettre en place les outils nécessaires au respect des règles fixées par l’Europe (évaluation du dispositif, compte rendu d’activité, fiche d’émargement, publicité etc) et d’assurer le suivi administratif et financier du projet. La demande de financement FSE a fait l’objet d’un avis favorable des élus du département des Yvelines.
Ce qu’il faut savoir, c’est que l’Europe ne finance pas une structure mais un projet. Cela signifie que le projet doit répondre à un certain nombre d’exigences de l’Europe, pour prétendre à une demande une subvention. Le Conseil Départemental des Yvelines, a pu obtenir plusieurs subventions européennes (FSE, FEDER) dans le cadre de projets spécifiques comme l’accompagnement vers l’emploi des Bénéficiaires du RSA par la levée des freins professionnels (subvention FSE) , ou la réhabilitation énergétique et la mise aux normes environnementales des bâtiments du collège Descartes à Fontenay le Fleury (subvention FEDER).
La Mission Europe apporte un appui au montage du dossier à l’ensemble des porteurs de projets, que ce soit au niveau financier (viabilité du plan de financement) ou qualitatif avec la mise en exergue de la plus-value du FSE et des exigences européennes à respecter (publicité et suivi des participants) afin de lui permettre de recevoir un avis favorable
C’est en ce sens que Magali, Pauline et leurs collègues valorisent la plus-value de la Mission Europe en tant que gestionnaire d’une enveloppe FSE.
Pour Magali, cet accompagnement est primordial et permet de rendre les fonds européens plus accessibles à nos porteurs de projet. Les fonds européens ont souvent fait l’objet de critiques liées à leur complexité et tout l’enjeu est de démystifier ce postulat. Il s’agit également de rendre plus lisible l’action de l’Europe auprès des citoyens
Pour Pauline, plus récemment arrivée au sein de l’institution, l’intérêt de son travail dépasse le simple montage de projet : « Nous sommes des facilitateurs, des traducteurs de l’Europe. La plupart des citoyens ont des idées reçues sur la difficulté d’accès à ces fonds mais si on sait répondre aux exigences européennes, ils permettent de réaliser de nombreuses choses très concrètes pour tous les citoyens.»
La Sous-direction des Parcs, Paysages et Environnement s’inscrit donc, par son domaine de compétences, dans cette logique européenne depuis près de 4 ans et a pu assister à une évolution tant humaine que professionnelle du dispositif en interne. Anne-Marie Keramoal, gestionnaire du FSE de la Sous-direction PPE, va nous l’expliquer en répondant aux questions que nous nous posons sur la mise en pratique du FSE dans la sous-direction :
« Aujourd’hui c’est la Journée de l’Europe. A ce jour, quel bilan dresseriez-vous du dispositif FSE au sein de la sous-direction PPE ?
Pour rappel, le dispositif est un projet à destination de tout public en difficulté (BRSA) et ayant droit, femmes/hommes, sans aucune distinction autre qu’être résident yvelinois.
Grâce au cofinancement FSE, le projet « Brigades Départementales 2019/2020 » a pu monter en puissance permettant ainsi à 158 BRSA de bénéficier du dispositif FSE : 48 % de sorties positives en 2019 et 18% en 2020 (cette baisse est une des conséquences de la COVID). Sur la période 2019/2020 il y a eu 101 personnes, dont 10 femmes.
Les actions menées par ces brigades consistent en l’entretien et valorisation du Patrimoine Vert du Département : espaces verts des collèges, des bâtiments administratifs (PMI, SDIS, Secteurs d’action sociale…), des forêts départementales, du Parc départemental du Peuple de l’Herbe mais aussi la découverte du monde du Paysage, la sensibilisation à une approche de l’entretien des espaces verts.
Il y a eu un soutien très important de l’équipe de la ME : préparation de la réponse à l’appel à projets, suivi du dispositif (audit), élaboration des bilans 2019/2020.
Quels sont les objectifs fixés par la sous-direction PPE pour le projet co-financé par le FSE?
Principalement, il fallait atteindre l’objectif de taux de sorties positives de 10 % et une participation des femmes au projet à 10 %. L’objectif pour les sorties positives atteint pour la période couvrant 2019/2020 représente 32% sorties positives réparties ainsi 10 % de CDI, 18% de CDD, 2 % de poursuite vers une formation qualifiante dans un autre secteur et 2 % d’apprentissage en fleuristerie/forestier. Le taux de réalisation de l’objectif pour la participation femmes s’élève à 8,86 %.
Il était important de donner/ développer un panel de compétences utilisables immédiatement dans un domaine porteur comme celui du Paysage et de développer l’attrait auprès du public féminin (10%) pour un métier requérant des qualités physiques et s’exerçant dans des conditions climatiques parfois difficiles.
Quels outils-vous sont donnés pour la bonne mise en place du FSE au sein de la sous-direction PPE ?
Nous disposons de divers supports : questionnaire FSE (coordonnées du PEC, sa situation au moment de son intégration –chômeur/inactif, niveau d’études, logement,…), affiches indiquant l’implication du FSE (cofinancement à 50% des dépenses) dans la mise en œuvre du dispositif de réinsertion professionnelle des BRSA, une oriflamme « FSE » près du bâtiment au Domaine de Madame Elisabeth (utile pour les manifestations quand elles seront autorisées), une communication sur le dispositif PEC auprès du grand Public via les sites Internet du département et du Parc du Domaine de Mme Elisabeth et la publication d’un article dans le magazine du Conseil Départemental.
Nous avons également pu obtenir la participation à des ateliers d’aide au montage du dossier de demande de financement FSE.
Avez-vous constaté une évolution dans les pratiques professionnelles dans le cadre du FSE au sein de la sous-direction PPE ?
Du fait que le projet co-financé par le FSE s’est mis en place naturellement, il y a eu une harmonisation des pratiques des professionnels sur la mise en œuvre opérationnelle du projet et le suivi des participants : Recrutement d’une gestionnaire FSE pour le suivi administratif et financier du projet, modification de certaines pratiques professionnelles (les réunions hebdomadaires d’échanges pour harmoniser les différentes interventions -prêt de véhicules, besoin de renfort, répartition de la charge de travail entre les équipes-, lettres de mission définissant le périmètre d’interventions, les rendus de comptes, suivi financier et administratif), le suivi professionnel individuel de chaque PEC vérifiant la progression dans l’utilisation des outils (débroussailleuse, souffleurs, tondeuses, ..) et la connaissance du monde végétal (entretien, création,..) et le cas échéant de repérer les zones d’amélioration pour combler les lacunes. Il y a eu une évolution dans le suivi social par l’utilisation des feuilles de présence journalière sous la responsabilité des chefs d’équipes permettant de suivre la motivation des PEC de participer à cette opération et de remotiver si besoin.
Quels ouvertures les bénéficiaires du dispositif Parcours Emploi Compétences (PEC) ont-ils vers le monde du travail, en dehors des espaces verts, à l’issue de leur formation ? Quels moyens leur sont donnés ?
Compte tenu de la crise sanitaire due à la COVID en 2020, aucune rencontre PEC / entreprises du Paysage n’a été organisée par Activit’Y.
L’insertion professionnelle via les Espaces Verts est une des voies de réinsertion des BRSA car ils offrent la possibilité de découvrir un secteur porteur en terme de travail sans besoin de qualifications particulières. Une mise à niveau au début du contrat permet de donner les prérequis nécessaires pour démarrer. Les Espaces Verts ne sont pas seulement l’entretien d’espaces verts classiques mais aussi la gestion différenciée de prairies et d’espaces servant pour des mesures compensatoires, la fleuristerie, la production et le potager
A travers ce travail journalier, c’est également la remobilisation des volontés individuelles, la réappropriation des codes de travail et des codes de vie commune et la découverte du travail bien fait. Les chefs d’équipes proposent régulièrement des annonces d’emploi yvelinois (en collectivité ou en privé) pour attester de la réalité des propositions d’emploi. Les PEC peuvent également suivre des stages d’immersion en milieu professionnel.
En partenariat avec les EPI Equalis/ Mode d’Emploi, un accompagnement socio-professionnel est proposé pour compléter leurs portefeuilles de compétences comme dans le domaine du Numérique, des cours de Français, formations techniques spécifique (CACES, plomberie, reconnaissances des végétaux mais également dans la recherche de logements.
Pour 2021, quelle est la poursuite du projet ?
La Mission Europe offre au Département l’opportunité de poursuivre le dispositif FSE pour l’année 2021. Sur 3 ans, ce sont 226 BRSA qui bénéficieront de ce dispositif (plus 68 PECs en 2021).
Cette opportunité verra la création de deux brigades dédiées, l’une à l’entretien du musée Maurice Denis et l’autre au potager (contrat avec restaurant Georges V pour livraisons de légumes bio), le renforcement du partenariat avec les EPI (associations Equalis/Mode d’Emploi) pour un suivi professionnel plus ciblé (permis de conduire qui est un réel frein dans ce métier, propositions de stages en d’immersion en milieu professionnel), le développement d’une communication vers les communes et entreprises du Paysage pour les PEC sortants. ,…).
Pour conclure, que tireriez-vous de l’impact du FSE sur les bénéficiaires / le département / les communes ?
Cela a permis une connaissance d’un métier dans le domaine du Paysage suscitant parfois des vocations (apprentissage en fleuristerie, forestier, la découverte d’emplois dans d’autres domaines (aide à la personne, sécurité, informatique, …), la prise en compte des besoins des entreprises du Paysage, la prise en charge départementale qualifiante des BRSA dans le domaine des espaces verts pendant une année, tout en assurant la gestion des espaces verts départementaux, du patrimoine départemental arboré.
Il y a une très forte implication européenne en termes de finances départementales : prise en charge à hauteur de 50% des dépenses liées aux PEC et du personnel encadrant (en 2019 :11 ; en 2020 : 17 et en 2021 : 21), le recrutement de chefs d’équipes (8) parmi les PEC le plus motivés, l’accompagnement des PECs plus encadré par l’embauche de chefs d’équipes et d’un formateur interne permettant le suivi de la formation continue et plus ciblé par l’incitation à suivre des stages complémentaires.